À travers une sélection de clichés, présentés à l’extérieur et à l’intérieur du musée, c’est un véritable tour d’horizon du patrimoine industriel de la Région Sud qui est proposé. Les photographies de l’Inventaire, logiques et factuelles, interrogent la notion de beauté de ces bâtiments à l’arrêt dont la vocation principale était la production.
Investie par des œuvres d’art contemporain issues de la collection du Frac, la grande salle de la minoterie met en avant différents travaux d’artistes autour des aquarelles d’Yvan Salomone, point de départ de cette exposition. Réalisés à partir de photographies prises in situ, ses travaux font écho à la démarche photographique de l’Inventaire.
Yvan Salomone est un artiste qui réalise de grands formats représentant des zones portuaires ou des friches, dénuées de présence humaine, même si elle reste implicite, comme dans l’ensemble des œuvres qui sont exposées. Dans la série Fantômes de villes, Mehdi Zannad nous invite à explorer des zones urbaines dépourvues de vie dans lesquelles un climat inquiétant s’installe, nous déstabilise et nous renvoie à notre petitesse face à la massivité des buildings représentés.
Alors que l’installation du collectif BP met en circulation de l’huile de vidange dans un totem composé de plusieurs bidons empilés les uns sur les autres, Dominique Angel utilise ce vocabulaire de formes géométriques typiques de l’univers industriel pour composer des dessins originaux à l’aquarelle, encre et pierre noire.
Cette volonté de confronter le sujet à la forme et aux matériaux utilisés pour le représenter est fréquemment visible dans l’exposition. Bernard Moninot utilise dans son travail la poussière de graphite issue des minéraux, et Pascal Simonet des pigments d’origine végétale pour laisser apparaître des constructions type manufactures ou pylônes, qui ont pour vocation de transformer les matières premières que nous offre notre planète. Quant à Anne-Valérie Gasc, elle utilise la poudre de béton récoltée suite à la démolition de bâtiments pour les reproduire sous forme de sérigraphies, mémoire de ce patrimoine détruit.
La photographie permet au duo d’artistes Mathieu & Stofleth de rendre compte d’un désastre architectural combiné à une catastrophe écologique, tous deux réunis dans la même image, à plusieurs années d’intervalle. Tandis que le processus est régulier, le déclin, lui, semble toujours plus vertigineux. Quasiment jamais exploité, ce site laissé à l’abandon est le reflet de nombre de territoires qui, malheureusement, se retrouvent délaissés du fait d’une activité générée par le passé n’ayant finalement plus lieu d’être dans nos sociétés contemporaines, gigantesques coquilles vides porteuses d’une histoire populaire trop souvent négligée.
Claire Bourdeau, chargée de mission médiation pour le musée de la Minoterie, et Cécile Coudreau, responsable de la programmation en région du Frac.
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Informations pratiques :
La Minoterie
Route d’Allos
04170 La Mure-Argens
Ouvert tous les jours du 5 juillet au 20 septembre de 10h à 13h et de 14h30 à 18h ; puis seulement les week-ends du 21 au 30 septembre.
Renseignements : 06 79 01 78 25
contact@secrets-de-fabriques.fr
Les œuvres de la collection du Frac dans l’exposition
Vues d’exposition