La plupart du temps, ce sont l’histoire et l’actualité qui se font le relais d’innombrables conflits, souvent liés à des contextes géopolitiques particuliers desquels des lignes se dessinent, se déplacent et s’effacent, révélant des espaces évanescents.
Même si la définition de frontières est perçue de cette manière, des interrogations demeurent : comment un territoire se dessine et comment en arrêter les lignes ? Quels sont les critères déterminant une zone ? Qui est décisionnaire et avec quelle légitimité ?
Sans pour autant y répondre, les artistes présents dans l’exposition abordent cette thématique avec des approches et des perceptions différentes. Par le biais de pratiques plastiques variées, les œuvres montrent qu’il n’existe pas un seul type de frontières.
Si dans le travail d’Yto Barrada, Sophie Ristelhueber, Zineb Sedira et Ahlam Shibli, la dimension politique est prépondérante car elle repose sur une mémoire collective ancrée, elle s’efface parfois dans d’autres propositions au profit d’une vision beaucoup plus personnelle, dans laquelle chacun peut se projeter.
L’œuvre de Stéphanie Nava en témoigne puisqu’elle donne une nouvelle dimension au paysage rhodanien en le fragmentant selon des critères d’ordre géologique, climatique, linguistique ou encore personnel.
Cette question de l’individu est également perceptible dans les photographies mises en scène par Valérie Jouve permettant à ses modèles de prendre leur place au milieu d’un environnement parfois peu propice à l’émancipation.
De son côté, c’est en foulant le sol que Cathryn Boch se réalise et prend conscience de son être tout entier. L’artiste sculpte le paysage, devenu matériau à part entière, tant dans le processus que dans sa réalisation plastique.
Les modèles du photographe Mathieu Pernot portent les stigmates d’un style de vie atypique, en marge du monde dans lequel ils évoluent. L’artiste suit ainsi la sédentarisation d’une famille rom qui parcourt les terres françaises sur lesquelles elle se trouve depuis plus d’un siècle.
Stefano Arienti nous invite à arpenter les rives du Canal Grande à Venise au moyen de leporellos, offrant une perception globale du paysage tout en confrontant des constructions qui n’auraient jamais interagi ensemble en réalité.
À l’inverse de cet effet « carte postale », Walter Niedermayr, lui, souhaite montrer la réalité des espaces montagneux transformée par le tourisme de masse dans ses photographies, celui qui façonne de nouveaux territoires au dépend du reste. Si la terre est facilement modulable par les êtres qui s’y trouvent, le cosmos est préservé et reste encore à notre échelle indomptable, mais peut-être plus pour très longtemps… C’est ce que Guy Limone suggère avec son interprétation de la carte du ciel.
Pour cette première année de partenariat, le centre d’art de Briançon et le Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur ont choisi de proposer une thématique en lien avec la situation géographique particulière dans laquelle se trouve l’exposition. Sans imposer une vision, cette exposition prend le parti de présenter un panel exhaustif de la création contemporaine par le biais d’œuvres de la collection autour de la question des frontières de manière à ouvrir les perceptions et à nourrir des réflexions sur des sujets qui entrent en écho avec l’actualité de nos sociétés…
Informations pratiques :
Centre d’art de Briançon
3 place d’Armes
05100 Briançon
Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 14h à 18h - Entrée libre - 04 92 20 33 14
Les œuvres de la collection du Frac dans l’exposition
Vues d’exposition