Frontières plurielles

Artistes : Stefano Arienti, Yto Barrada, Cathryn Boch, Valérie Jouve, Guy Limone, Stéphanie Nava, Walter Niedermayr, Mathieu Pernot, Sophie Ristelhueber, Zineb Sedira, Ahlam Shibli.

Depuis toujours, un découpage des territoires s’est mis en place, qu’il soit matériel ou invisible, à petite échelle ou relevant d’une dimension cosmique, parfois difficilement perceptible.

Centre d’Art contemporain de Briançon 12 juillet 2019 Zineb SEDIRA And the road goes on... 2005
Crédit photo © François Deladerrière

La plupart du temps, ce sont l’histoire et l’actualité qui se font le relais d’innombrables conflits, souvent liés à des contextes géopolitiques particuliers desquels des lignes se dessinent, se déplacent et s’effacent, révélant des espaces évanescents.
Même si la définition de frontières est perçue de cette manière, des interrogations demeurent : comment un territoire se dessine et comment en arrêter les lignes ? Quels sont les critères déterminant une zone ? Qui est décisionnaire et avec quelle légitimité ?
Sans pour autant y répondre, les artistes présents dans l’exposition abordent cette thématique avec des approches et des perceptions différentes. Par le biais de pratiques plastiques variées, les œuvres montrent qu’il n’existe pas un seul type de frontières.
Si dans le travail d’Yto Barrada, Sophie Ristelhueber, Zineb Sedira et Ahlam Shibli, la dimension politique est prépondérante car elle repose sur une mémoire collective ancrée, elle s’efface parfois dans d’autres propositions au profit d’une vision beaucoup plus personnelle, dans laquelle chacun peut se projeter.
L’œuvre de Stéphanie Nava en témoigne puisqu’elle donne une nouvelle dimension au paysage rhodanien en le fragmentant selon des critères d’ordre géologique, climatique, linguistique ou encore personnel. Cette question de l’individu est également perceptible dans les photographies mises en scène par Valérie Jouve permettant à ses modèles de prendre leur place au milieu d’un environnement parfois peu propice à l’émancipation.
De son côté, c’est en foulant le sol que Cathryn Boch se réalise et prend conscience de son être tout entier. L’artiste sculpte le paysage, devenu matériau à part entière, tant dans le processus que dans sa réalisation plastique.
Les modèles du photographe Mathieu Pernot portent les stigmates d’un style de vie atypique, en marge du monde dans lequel ils évoluent. L’artiste suit ainsi la sédentarisation d’une famille rom qui parcourt les terres françaises sur lesquelles elle se trouve depuis plus d’un siècle.
Stefano Arienti nous invite à arpenter les rives du Canal Grande à Venise au moyen de leporellos, offrant une perception globale du paysage tout en confrontant des constructions qui n’auraient jamais interagi ensemble en réalité.
À l’inverse de cet effet « carte postale », Walter Niedermayr, lui, souhaite montrer la réalité des espaces montagneux transformée par le tourisme de masse dans ses photographies, celui qui façonne de nouveaux territoires au dépend du reste. Si la terre est facilement modulable par les êtres qui s’y trouvent, le cosmos est préservé et reste encore à notre échelle indomptable, mais peut-être plus pour très longtemps… C’est ce que Guy Limone suggère avec son interprétation de la carte du ciel.
Pour cette première année de partenariat, le centre d’art de Briançon et le Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur ont choisi de proposer une thématique en lien avec la situation géographique particulière dans laquelle se trouve l’exposition. Sans imposer une vision, cette exposition prend le parti de présenter un panel exhaustif de la création contemporaine par le biais d’œuvres de la collection autour de la question des frontières de manière à ouvrir les perceptions et à nourrir des réflexions sur des sujets qui entrent en écho avec l’actualité de nos sociétés…

Informations pratiques :
Centre d’art de Briançon
3 place d’Armes
05100 Briançon
Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 14h à 18h - Entrée libre - 04 92 20 33 14


Les œuvres de la collection du Frac dans l’exposition

  • Stéphanie NAVA, Le cours figé des lignes, 2012
    Oeuvre en 3 dimensions, Installation
    "Le cours figé des lignes est une grande maquette de plâtre retraçant une partie de la vallée du Rhône. Installé sur
    une table, ce “plan-relief” est constitué d’une cinquantaine de blocs de plâtre. Ceux-ci définissent différents
    territoires agrégés autour du fleuve, lui-même étant figuré en creux, par le vide sinueux qui serpente au centre du
    plateau. Le cours d’eau agrège autour de lui de multiples territoires. Distincts, ils sont néanmoins liés
    identitairement par celui qui les irrigue tour à tour, pour former la “Vallée du Rhône”.
    L’ensemble forme un vaste puzzle ou une tectonique particulière des “plaques rhodaniennes” dont les découpes
    sont de multiples natures. À la fois outil de figuration qui se voudrait objectif et geste subjectif de détermination
    d’espaces nommés et définis selon des critères précis, l’élaboration de la carte bute sur plusieurs questions.
    Comment définit-on un territoire ? Ou plutôt : comment dessine-t-on un territoire ? Comment en arrêter le tracé
    des lignes qui constituent ses frontières ? Quels critères choisit-on ?
    Cette oeuvre tente de mettre en place une cartographie de la vallée en réunissant différentes manières de désigner
    des entités territoriales. Chacune d’entre-elles est cerclée de frontières dont le dessin est déterminé selon des
    critères variables. Il y aura ainsi le tracé d’une autoroute, celui d’une rivière, une frontière départementale, une
    frontière linguistique, un mur érigé contre la peste au XVII° siècle, une zone inondée par le Rhône, des reliefs, des
    spécificités géologiques, des villes que j’ai habitées, etc... Parfois administratives, parfois historiques, ou encore
    géologiques, climatiques ou personnelles, ces frontières produisent par le découpage de cette vallée, une
    géographie singulière du fleuve, de Lyon au delta."

    Stéphanie Nava
    48 modules en plâtre, table en bois, 4 photographies contrecollées sur dibond, étagère, dessin au crayon de papier

    Dimensions variables Table : 310 x 120H cm ; Dessin : 42 x 59,4cm ; 4 tirages photographiques contrecollés sur dibbon : (15 x 20,1cm), (10,4 x 15,7cm), (10,6 x 15,3cm), (15,4 x 21,4cm) ; étagère : largeur 120cm
    Achat à l’artiste en 2015
    Inv. 2015.866
    © Adagp, Paris
  • Cathryn BOCH, Réseau, 2015
    Oeuvre en 3 dimensions, Installation mixte
    Une carte routière de la région Provence Alpes Côte d’Azur greffée avec un planisphère géographique
    Carte routière, feuillet planisphère, couture machine et couture main, encre sur papier poncé
    107 x 149,5 x 10 cm
    dans une présentation sur table : 150 x 107 x 80 cm
    R.S.D.
    Achat à la Galerie Claudine Papillon en 2015
    Inv. 2015.846
    © Adagp, Paris
    Photo : Jean-Christophe Lett
  • Yto BARRADA, Détroit
    © Yto Barrada
  • Ahlam SHIBLI, Goter
    Photographie
    Série dissociable
    L’artiste traite de la situation du peuple palestinien
    Photographie, épreuve noir et blanc, tirage argentique
    © Ahlam Shibli
    Photo : Laurent Lecat
  • Mathieu PERNOT, Ensemble « Mickaël » de la série « Les Gorgan »
    © Adagp, Paris
  • Valérie JOUVE, Sans titre (Les facades), 1994
    Photographie
    Diptyque ; Deux panneaux représentant des façades d’immeuble
    Photographie couleur contrecollée sur aluminium
    2 x (38 x 154 x 4,5 cm)
    Achat à l’artiste en 1995
    Inv. 94.255
    © Adagp, Paris
    Photo : Yves Gallois
  • Guy LIMONE, Carte du ciel, 1988
    Dessin
    Décalcomanie sur carte du ciel
    Carton
    diamètre : 25 cm
    Achat à l’artiste en 1990
    Inv. 89.173
    © SAIF
    Photo : Yves Gallois
  • Yto BARRADA, La contrebandière, 2006
    Nouveaux médias, Vidéo
    « Touria Mouho makes regular trips to the Spanish enclave of Ceuta to smuggle back fabrics and clothing ordered by her customers, textile vendors in Tangier. Because she is an older woman, Tax and Customes Officiers usually do not search inside her djellaba at the border ».
    vidéo, couleur, muet
    durée : 11’
    Achat à la Galerieofmarseille en 2007
    Inv. 2007.575
    © Yto Barrada
  • Valérie JOUVE, Sans titre (Les personnages avec le petit Francois), 1991
    Photographie
    Photographie couleur contrecollée sur aluminium
    101 x 131 x 1,5 cm
    Achat à l’artiste en 1995
    Inv. 94.254
    © Adagp, Paris
    Photo : Yves Gallois
  • Zineb SEDIRA, And the road goes on..., 2005
    Nouveaux médias, Vidéo
    videoprojection couleur, sonore
    Durée 8’
    Achat à l’artiste en 2007
    Inv. 2006.570
    © Adagp, Paris
    Photo : Visuel fourni par l’artiste
  • Walter NIEDERMAYR, Vedretta Piana II, 1996
    Photographie
    Quadriptyque
    Photographie couleur
    4 x (86 x 106 cm)
    Achat à la Galerie Anne de Villepoix en 1998
    Inv. 98.374
    © Walter Niedermayr
    Photo : Yves Gallois
  • Sophie RISTELHUEBER, Résolutions
    Oeuvre en 3 dimensions, Installation
    Tente en toile blanche venant du Pakistan
    "Résolutions est le fil invisible qui relie le grand bâtiment du palais des Nations (lieu de la théorie, des mots officiels) à cinq tentes blanches, objets de terrain. Ces tentes n’abriteront rien, on ne pourra pas pénétrer dedans. Elles porteront simplement dans le corps de la toile, en impression sérigraphique, des mots, des morceaux de phrases venus tout droit des salles de conférence.
    Les images que ces mots recouvrent sont bien connues de tous". Sophie Ristelhueber, Texte d’intention pour l’ONU, 1995.
    5 x (environ 350x 250 x 200H cm) (surface au sol par tente : environ 600cm x 900cm x 200H cm) Dimensions variable suivant installation
    © Adagp, Paris
    Photo : Visuel fourni par la galerie
  • Stefano ARIENTI, Canal Grande, 2005
    Oeuvre en 3 dimensions, Installation
    Installation composée de deux livres leporellos (vues photographiques panoramiques du grand canal de Venise)
    Dimensions variables
    Achat à la Galleria S.A.L.E.S en 2007
    Inv. 2007.573
    © droits réservés
    Photo : Blaise Adilon

Vues d’exposition