Peter Fend, Perception inversée

Bien connue pour être une terre de villégiatures, les Hautes-Alpes se dessinent dans un enchevêtrement de montagnes et de lacs qui a véritablement forgé la spécificité de son paysage.
La nature occupe une grande place dans cet environnement que les habitants ont à cœur de conserver et de valoriser en tant que patrimoine historique, mais également culturel.

Pour la deuxième année consécutive le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur investit l’église Sainte-Cécile de Ceillac en dévoilant les œuvres de l’artiste américain Peter Fend.

Engagé dans des préoccupations liées à l’écologie, Peter Fend forme dans les années 80 un groupe d’artistes activistes qui redéfinissent les contours d’une politique responsable et citoyenne qu’ils revendiquent dans leur pratique artistique.

Conçue pour la Documenta de 1992, exposition d’art moderne et contemporain qui a lieu tous les cinq ans à Kassel en Allemagne, ces étendards induisent très clairement une appartenance à un territoire. Les couleurs qu’ils arborent et la cartographie qui s’y dessine nous renvoient par association d’images et de symboles aux drapeaux identifiant chaque pays à travers le monde.

Mais en y regardant de plus près, ces formes ne représentent aucun territoire connu.
En reprenant les codes graphiques de notre société, l’artiste a choisi de mettre à l’honneur les bassins de mers régionaux qui jouxtent l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Il réorganise complètement le système géopolitique qui régit jusqu’alors nos vies.

Cette démarche politique et engagée est au cœur des préoccupations premières au niveau planétaire. Sans être pour autant moralisatrices, les sérigraphies de Peter Fend révèlent les dysfonctionnements d’une société, et nous invite à la réflexion : qui sommes-nous face à l’immensité du maritime et de l’univers ?

Informations pratiques :
Église Sainte Cécile
05600 Ceillac
Ouvert tous les jours sauf le dimanche de 17 à 19h


Les œuvres de la collection du Frac dans l’exposition

  • Peter FEND, Beach Party
    Oeuvre textile
    Drapeau
    "L’Europe
    Comme toutes les bonnes idées, celle consistant à remplacer les étoiles par les contours des pays membres, a été empruntée (réf. Linda Van Deursen, Amsterdam) et adaptée.
    Certaines des absurdités de la communauté européenne deviennent immédiatement apparentes :
    1. la grande inégalité en dimensions, ressources et population entre les états membres, aujourd’hui exagérée par l’absurde prédominance des 80 millions d’habitants de l’état central.
    2. la nature éphémère du nombre 12 comme si il était représentatif de quoi que ce soit de stable.
    3. la prétention qu’une telle adjonction pourrait représenter un continent (par exemple l’incapacité de gérer la crise balkanique).

    Alors que je dessinais les bassins de l’Europe, je me demandais comment organiser circulairement, de façon harmonieuse, les formes physiques des nations ; et, pour ce qui concerne le nombre, j’imaginais de permettre à chacun des futurs membres de rejoindre son propre bassin parmi les treize. Oui le Soudan fait partie de l’Europe, avec tout ce qu’il draine de l’Atlantique à l’Oural."

    Dimensions variables selon l’installation
    © droits réservés
    Photo : Yves Gallois

Vues d’exposition